Il est beau le lac [Réservé: Dallan]

[Ambre Allaws]

Ambre venait à peine d'arriver, qu'elle s'était changée. Elle n'aimait pas être en tee shirt avec un pantalon. Au delà, elle préférait les robes à son goût. Elle marchait tranquillement tout droit, sans savoir ou elle est. Son instinct lui disait d'aller à un lac. Mais, elle ne savait pas ou c'était... Quelques instants plus tard, Ambre se trouvait sur un gigantesque lac. Ses yeux furent énormes, en voyant cette merveille.

Elle avait comme une marche de "princesse". C'est vrai qu'elle avait été élevée par la reine, donc, elle avait tout appris d'elle. Ambre marchait toujours, en regardant le magnifique lac. Un moment, elle s'arrêtais et regardait le lac. Elle voyait la reine dans le ciel, mais se secoua la tête. Ambre baissait la tête en se disant qu'elle ne retrouverait jamais ses vrais parents. Soudainement, il lui eu une envie, de manger quelque chose. Elle allait fouillait ses poches, en trouvant des biscuits. Elle se demandait comment c'était arrivé à sa poche. Ambre le sortait de sa poche, et le mangeait. Ensuite, elle reprit sa route en mangeant les biscuit, et remarchait. Soudain, elle cognait quelqu'un par l'épaule.

-Ex... Excusez moi ! dit-elle en bafouillant

[Dallan Mael]

Terre à terre. C'est plus simple quand on y voit rien. Le sol dur, dégage un semblant de présence. On le sent en vie sous ses pieds. On se dit qu'il ne s'effritera pas. Terre à terre... C'est moins douloureux. On ne tombera pas de haut, juste de sa hauteur. Encore faut-il ne pas être trop grand.

Tête en l'air. C'est oublier les choses, laisser ses pensées courir comme une brise printanière. C'est aller ici et là sans se souvenir de ce qu'il y a derrière soit. Ce n'est pas douloureux, non puisqu'on ne s'en rappelle pas. Alors on avance, pas à pas dans un milieu que l'on désire être champêtre. L'herbe est proéminente. Sauvage, elle divague dans un souffle malin. Quelques pâquerettes pointent le bout de leur nez, coquins boutons blancs au milieu d'un tapis de verdure.
Mais... Mais si l'on ne voit pas, peut-on se rendre compte de cette immensité ?

Alors terre à terre... Hérétique, squelettique petit être, Dom Juan pour son esprit cartésien. On y croit pas, on se fait judas. Non, on ne peut pas. Le regard trop obscure, voile d'opacité devant des rétines qui ont tourné le dos à la lumière. Alors on se fie aux choses. Obligé d'user de ses autres sens, puisque la vue s'en est allée en courant, démissionnant soudainement.

Dallan ne croit pas ce qu'il voit. Il se laisse aller à son ouïe. Les vent est amusé en ce jour. Il siffle à travers l'écorce de l'arbre auquel il se tient. Flore centenaire, millénaire peut-être. Impossible à déterminer. Mais le toucher... Le toucher un sens bien utile. Veines saillantes dans le bois, nervures délicates dessus les feuilles vertes, il le perçoit. Initié à la sensibilité de la nature...

… Et gouttelettes. Rosée matinale qui se déposes soigneusement sur les plantes. Transparence pleine de pureté où le soleil vient se refléter joyeusement. Surprenant contact avec la peau. Un frisson remonte le long de son dos, la froideur inattendue d'une simple goutte d'eau...

Il se laisse captiver par cette nouvelle vie. Cette éternité sans doute pleine de douceur. Il n'ose pas s'éloigner de l'arbre, son guide. Prophète silencieux, esprit compréhensif, il l'admire, le lui souffle tout bas, sachant qu'il l'entendrait. Ça lui est venu naturellement. L'arbre aux livres est-il un père adoptif ? Non, peut-être un camarade ? Aucunement. Son rôle est indescriptible. Ni le braille, ni l'écriture latine et tout autre langage ne pourra un jour se targuer d'en comprendre l'essence. Qu'importe. Dallan ne cherche pas à avoir la connaissance ultime, plongé dans son obscurité il profite juste.

Et toujours tête en l'air, les prunelles levées vers le ciel. Il n'a rien à voir, mais observe pourtant, ressent les sensations d'une journée douce. D'une nature protectrice. Ses doigts touchent l'arbre, finissent par glisser, tandis qu'il en fait le tour. Si vaste, large. Il le comprend, le remarque, parce que les racines qu'il évite, ne sont jamais les mêmes sous ses pieds.

Puis un bruit. Petit, minuscule bruit. Il fronce les sourcils. Qu'est-ce ? Il se concentre longuement, reconnaissant finalement le délicat son d'une source d'eau. Il y en a donc une. Ça ne l'étonne pas, un arbre de cette dimension à besoin de beaucoup d'eau. Le fait qu'elle soit si proche doit aider.

Dallan s'éloigne d'un pas de l'arbre. D'un simple pas. Il a comprit qu'il serait peut-être imprudent pour lui d'aller trop loin. Et qui sait, il serait bien fichu de se noyer tout seul. Il tourne lentement la tête d'un côté et de l'autre. Il a entendu autre chose. Un bruit qui craque, qui s'effrite. Mais pas le temps de se poser d'avantage de question, que quelque chose... Non quelqu'un le percute.

Il vacille, se recule, s'appuie contre l'arbre, ses prunelles délavées, fixées sur un point invisible. Une voix féminine, d'adolescente vu le timbre, s'excuse. Il avance la main dans l'air, touche du bout du doigt un tissu. « Qui es-tu toi ? » fait-il tout bas, cherchant à en entendre plus de cette inconnue, pour mieux analyser son timbre et parce qu'il ne se sent pas dans l'idée de l'ignorer.

[Ambre Allaws]

Le garçon qui semblait être perdue, toucha un morceau de la robe d'Ambre. Celle si, le regardait touchait sa robe. Il lui demandait qui elle était. "Sa se voit pas ? Je suis une fille" pensait-elle. Mais peut-être, était-il aveugle ? Remarque, on les voit toute de suite. Alors Ambre s'accroupit et regardait le jeune garçon qui était effectivement aveugle. Une des mèches des cheveux d'Ambre touchait la joue du jeune garçon.

-Je... suis Ambre Allaws. Tu veux... que... je t'aide ?

Ils avaient l'air ridicule eux deux, dans la foule. Mais ce n'était pas grave, tant qu'Ambre pouvait aider quelqu'un en difficulté. Elle le regardait toujours avec ses yeux brillants, en attendant la réponse du jeune homme. En y pensant, il ne pourra jamais voir à quoi ressemble celle qui l'a rencontré. "Dommage" pensait-elle. "Moi qui voulait voir le regard de quelqu'un, c'est raté" pensait-elle.

[Dallan Mael]

...Et le sol. Imperméable aux problèmes des hommes, moqueur de leurs guerres, banale poubelle, retenant sang et larmes dans sa terre. Sempiternel gardien de l'histoire et celui qui guète, voit ce qui se passe, plus silencieux qu'une tombe. Il offre pourtant quelques signes. Chemins irradiés ou cailloux tranchants. Mais on s'en fiche, aveugles personnages, ils ignorent les messages qui leur sont donnés. Foulant lourdement le sol, provoquant quelques échos dans les tréfonds du monde. Ils s'en fichent...

L'Arbre lui, est loin de ça. Il surveille, mais ne voit pas encore le sang s'immiscer dans ses racines. C'est à peine si un jeune aveugle parvient à le faire frémir, quand il trébuche sur lui. Et Dallan, affalé contre son tronc, le regard levé dans le vide attend, écoute, joue lui-même à la Terre.

Mais plus que le sol, lui peut toucher. Le tissu d'un vêtement entre ses doigts. Travail d'orfèvre, douceur de soie. Quelle en est la couleur ? Ça, jamais il ne pourra le deviner tout seul. Il finit par ramener sa main à lui, secouant doucement la tête à sa proposition, tandis qu'il se redresse seul.

Le handicap ne lui a pas enlevé toute autonomie, bien que beaucoup se l'imagine. Il peut encore se nourrir seul, marcher, plus ou moins.. seul aussi. Il n'est pas un légume ou une poupée fragile. Et cette enfant, cette adolescente, le croit-elle, elle ? Elle a de l'hésitation dans sa voix. Elle ne doit savoir, n'a pas l'habitude. Mais qui voit des aveugles tous les jours ? Lui-même n'en connait pas d'autre, alors il peut pardonner. Et même, pourquoi lui en voudrait-il, il n'est pas fait du bois rancunier. Alors, il sourit. Timidement.

Sur sa joue, il sentit le contact d'une mèche de cheveux. Chose qui chatouille, mais n'en est pas moins désagréable. Pourtant il l'écarte de lui, profitant de l'instant, pour jauger son espace. Il n'est pas vraiment large, la demoiselle, le frôlant presque.

Les prunelles froides sans le vouloir, il fixe un point invisible. Que peut-il donc voir, lui l'aveugle ? Quelle histoire peut bien conter son regard de nacre. A part rien. L'Arbre doit le savoir lui. Il sait tout, il en a même reçut un livre. Histoires d'animaux... Dallan aime bien les animaux. Leur fourrure rassure. Ce qu'il aime le plus, ce sont les chats quand ils ronronnent. Peut-être qu'il est comme un animal, lui aussi. Un chaton à peine né, incapable de voir. Craintif du monde, mais pourtant doux. Oui, peut-être bien qu'il est un chat...

« Je suis Dallan Mael. » l'informa-t-il d'un ton lointain. Parler ne faisait pas partie de ses priorités. C'est surtout qu'il avait du mal à oser dire mot aux inconnus. Mais la source l'intriguait, il voulait en savoir plus, il avait envi qu'on lui dise, qu'on la lui décrive.

Désignant d'un doigt pas très sûr l'endroit d'où semblait venir le coulis de l'eau, il finit par oser, lui demander : « Pourrais-tu me décrire... cette source d'eau ? » Sa voix était loin d'être assurée. Elle pouvait très bien refuser. Elle avait peut-être mieux à faire. Il n'en savait rien, ne pouvait même pas voir son visage pour en deviner les expressions.

[Ambre Allaws]

Ambre regardait toujours le jeune homme qui semblait être en besoin d'aide. Ce garçon lui dit son nom: Dallan Mael. Hmm... Irlandais ? se dit-elle. Elle était très intelligente donc elle pouvait savoir toutes les origines de tous les prénoms qu'elle entendait. Il voulait qu'Ambre lui décrive cette source d'eau ? "Comment je dois m'y prendre ?"...

- C'est.. un grand lac. Il doit bien ... bien faire des kilomètres. Sa couleur... est bleu ciel et... et bleu foncée au fond. Mais grâce au... au soleil..., le lac brille, c'est magnifique à voir... Mais dis
mo....moi, pourquoi... n'est-tu pas... ra...rassuré ? demandait Ambre

Ambre souriait, elle aimait tant aider les gens en difficultés. Mais, pour un aveugle.. Elle ne savait pas trop quoi faire. "J'adore sa couleur de cheveux" dit-elle. Elle rougissait sur son visage, mais lui, ne le voyait pas. C'était bien comme ça !

-Dis.. J'a... J'adore tes... tes cheveux ! dit-elle

[Dallan Mael]

L'aide. Qu'est-ce que signifie l'aide. Une forme de soutient que l'on apporte à un lambda. Mais si ce dernier refuse toute forme de secours ? S'il se complait dans sa solitude maladive, doit-on continuer à le harceler ou juste le laisser ? Un certain Kant, a dit un jour que faire le bien d'autrui était la pire des tyrannies. Si l'on l'écoute on laissera cet inconnu se perdre dans les méandres de sa propre personne. Alors l'aide... Qu'est-ce que c'est ? Une forme d'égoïsme qui se veut être le contraire. Un petit plaisir personnel. La bonne action du jour, de l'année, de notre vie. C'est faire croire aux autres qu'on est bon. On cherche un cobaye pour tester notre gentillesse. Le saint patron de la bonté.

Mais tout change si l'aide est demandée d'elle-même. D'une simple question. Un désir timide qui se murmure du bout des lèvres. Un appel au secours. Non, une simple question. Quelques mots, petits mots. L'envie d'une description. Un aveugle qui souhaite juste surpasser son obscurité, sans oser le crier sur les toits, de peur d'ennuyer les gens. En marge d'une société où la différence est crainte, fuite. Dallan se sent fardeau là où sa présence est agréable. Il se mure dans son mutisme dérangeant, quand on veut lui parler. Il préfère écouter les autres. Jauger le timbre de leur voix, comme un chef d'orchestre sans baguette. Et il mène sa troupe, obtient gain de cause. Sa voix douce oblige réponse. Mignon personnage, genre d'animal méfiant, si compliqué à aborder qu'on finit par ployer sous ses rares demandes.

La jeune Ambre commença alors à lui décrire la source, qui était enfaîte un lac. Elle parlait avec hésitation, il le sentait très bien dans ses balbutiements. Il y avait quelque chose de naïf dans ses mots. Rien de précis, des kilomètres. Elle pourrait très bien exagérer, qu'il serait dans l'impossibilité de le déterminer. Il fronça les sourcils à certains moments de sa description, ayant du mal à se représenter vivement la chose. Il finit par se fier à un souvenir. Plus jeune, lorsqu'il voyait encore, il était allé au lac avec sa mère, donner à manger aux canards. L'eau était bleue, légèrement profonde, opaque à quelques endroits. Il faisait beau ce jour là... Le soleil se reflétait doucement sur la surface pâle, donnant ainsi l'impression que le tout était recouvert d'un filigrane transparent.

...Les lacs sont-il tous pareils ? Points d'eau fixes, creux béants dans le sol. Ils réagissent tous de la même manière selon le temps. Aucun n'est unique ? Il ne savait pas, n'avait pas assez d'expérience à ce niveau. Tout du moins comprit-il qu'il était magnifique. Dallan voulut bien croire ses dires. Elle avait l'air bien sincère. Alors il hocha la tête, lui offrant là une mince confiance.

Et ça, jusqu'à ce qu'elle lui demande en quoi n'était-il pas rassuré. C'était un reproche de sa part ? Dallan se savait peu bavard. On lui avait déjà dis que son visage avait l'air d'être figé dans la glace. Une des raisons qui l'obligeait à beaucoup sourire, pour prouver le contraire. Le problème quand on est aussi loquace qu'une pierre, c'est qu'on a beaucoup de mal à en apprendre plus sur les intentions de ceux qui nous entourent. Un effort, il se devait de faire un effort, sinon comment évoluerait-il dans l'éternité qu'il passerait à Félinia ? « Ce n'est rien... » ne sut-il que dire. Lamentable. Il était lamentable. Au point de ne même pas réussir à aligner plus de trois mots pour se justifier.

Mais rapidement, Ambre éluda le sujet du lac, pour lui dire que ses cheveux étaient beaux. Il dut se concentrer un instant pour se remémorer leur nuance. Blond... Oui c'est ça, il avait des cheveux blonds, très clairs, comme les blés enfaîte. Cette couleur était donc appréciable... C'était peut-être bon à savoir. Lui n'en avait que faire du physique. Cheveux blonds, noirs ou roux... Yeux bleus, verts ou marrons. Tant de choses qu'il ne voyait pas, alors pourquoi s'en préoccuper. Ces détails étaient plus à même de le déprimer, que de lui remonter le moral. Et s'il se devait de vivre à jamais, alors il craignait de perdre toute notion des couleurs. Tragique. « Merci. » lui souffla-t-il quand même. Il aurait bien aimé toucher son visage, pour s'imprégner de ses contours, mais ne la connaissant pas, jamais il n'essaierait. Cela le générait autant lui, que elle. « Et toi, peux-tu te décrire ? » Fatalement, il devait se référer aux mots, aux couleurs, à contrario de ne pouvoir la toucher. C'était son fardeaux, sa peine qu'il garderait à jamais, qu'il devrait supporter, porter sur ses minces épaules. « Seulement si tu le désires. » ajouta-t-il, poliment, le dos fermement appuyé contre son repère : l'Arbre.

Dallan ne voulait pas forcer Ambre. Il n'avait jamais forcer les gens à parler d'eux-mêmes, à se décrire pour lui. Beaucoup lui avait dit que c'était gênant. Parce qu'il fallait nommer ses défauts, comme ses qualités. Et l'on pouvait tout aussi bien tomber sur un narcissique, que sur un mélancolique. Qu'importe pour lui, tant qu'il pouvait se faire une brève image de la personne lui faisant face.

[Ambre Allaws]

Ambre, sur le moment, pensait à autre chose que de décrire le lac. Sur le coup, elle pensait à la reine, sa mère adoptif. Pensant que la reine avait fait exécuté ses vrais parents, pour ne laisser aucune trace. Mais bon... On aurait pas dis que la reine était une tueuse ! Dallan la remerciait pour le compliments, mais après elle devait se décrire. Si elle le désirait. Vu qu'Ambre aimait aider les personnes, alors autant les aider. Elle respirait à fond, pour surmonter à sa timidité, et parlait correctement.

-Par ou commencer... J'ai de longs cheveux bruns qui m'arrivent jusqu'au dos. J'ai les yeux bleus ciel qui sont souvent brillants. Et j'aime beaucoup porter les robes. Sinon... Je suis gentille et intelligente. Mon intelligence dépasse celle à la normale. Tout le monde voudrait être comme moi, dans mon pays. Puis je suis calme, je ne m'énerves pas souvent... Et sinon je suis timide parfois... Et maladroite parfois.

Ambre n'avait oublier aucun détail. Ensuite elle détournait son regard vers le lac brillant. Celui là n'était pas comme les autres. Il avait un détail important qu'Ambre pourrait savoir par la suite. Elle ne le trouvait pas. Elle souriait, toujours assise par terre. Certaines larmes parvint à Ambre, mais elle ne pleurait pas ! C'est juste qu'elle était contente d'être ici avec lui.

[Dallan Mael]

Timidité, la peur de parler. Pire qu'un handicap nommé cécité. La timidité... Ça bloque les gens, ça rend snobe quand on est doux. Asocial renfermé dans sa carapace. La personne ne devient-elle pas malheureuse alors ? Enfermée dans sa cage de barreaux invisibles. Ses mains sont là, touchant un verre imperméable, les iris plantés sur ceux qui rient et discutent.

Alors solitude. Maladie de celui qui ne peut pas approcher les autres. Aveugle il est un peu plus éloigné. Il ne sait pas, ne voit pas, ne peut pas juger les gens comme le ferait les autres, obligé de se fier à ses autres sens. L'ouïe et le toucher. De ce fait, Dallan entend mieux, Dallan écoute beaucoup. Les choses qui l'entourent, tout. Il aime le bruit de l'eau qui goutte dessus les feuilles. Il adore le ronronnement calme d'un chat que l'on caresse. De même que le timbre des gens le repose dans certains cas.

Et Ambre ? Est-elle reposante ? Oui en un sens. Parce qu'elle garde la voix des adolescents et l'intonation de la timidité malgré tout, elle l'est. Murmure élevé plus haut, paroles qui s'envolent comme une brise passant entre les brins d'herbes. Et lui l'écoute, il juge un peu aussi. Il le faut bien, puisque ses prunelles, elles, ne le peuvent pas.

Elle a les cheveux bruns, longs. Oui, il a senti qu'ils étaient longs lorsqu'une mèche a touché sa joue. La chevelure douce de celle qui prend soin d'elle. Il le sent, une parcelle de hauteur suintant même de son timbre. Drôle de musique, pense-t-il. Qui est donc cette jeune Ambre pour parler ainsi ? Si un jour ils parvenaient à mieux se connaître, Dallan ferait en sorte qu'elle lui conte son histoire. Qu'elle devienne un livre ouvert pour lui. A défaut de ne pas lire l'écriture, elle sera sa conteuse.

Et elle continue à se décrire. Des yeux qui brillent... Dallan ne saisit pas. Les yeux ne brillent-ils pas que pour pleurer ? Larmes de crocodile, soupçon de mélancolie. Ce dont il est sur en revanche, c'est que les siens resteront à jamais éteints. Nacre intemporelle, obscurité éternelle.

Puis des robes. Le tissu délicat qu'il avait tenu entre ses doigts appartenait à une robe. Elle est très féminine, parvint-il à comprendre. Car tout s'emmêle, tout va ensemble. Des cheveux longs, jusqu'à la robe. De la qualité du tissu à la goutte princière... Tout en se donnant des qualités. Gentille et intelligente. C'est drôle, amusant. La première partie est sûrement véridique. Ambre à ployer sous ses demandes sans broncher, lui répondant, l'informant gentiment.

Mais intelligence. Qualité d'être supérieur. Manque de modestie aussi. Gamine à qui on voudrait ressembler. C'est un drôle de numéro cette Ambre. Oui, les gens capables de se vanter leur qualités l'amusent. Lui ne le pourrait pas, se bornant à dire qu'il est timide.

Toujours, encore la timidité. Et maladresse, qu'ils partagent. Oui, c'est un fait. Il est tombé sur une pile de livre dés son arrivé à Félinia. En même temps, il aurait du mal à être agile, lui l'aveugle. Il lui faut ses points de repères pour se mouver dans l'air. Il s'appuie d'avantage contre l'arbre. L'écorce sinueuse est si palpable sous ses doigts d'initiés. Lui ressent les subtilités de la nature. Il le faut. Félinia est un lieux très naturel. Un lac, un arbre, une clairière pleine d'herbe.

Comme une paix intérieur, bonheur simple à l'odeur floral. Il ferma les yeux, geste inutile, mais symbolique. « Je comprend. » lâcha-t-il lentement, se la représentant mentalement. Juste reste-t-il un point d'interrogation sur son visage. Masque lisse et blanc. Tant pis, il fera sans, la voit-il dans son ensemble c'est déjà ça. « L'Arbre... Il est grand. Les alentours aussi. Et toi, que fais-tu là ? » demanda-t-il sans se presser, le formulant d'un ton qui ne laissait même pas présager la question. Ça se ressentait qu'il n'était habitué à parler. Un presque muet. Bridé par sa propre envie...

[Ambre Allaws]

Ambre était toujours assise par terre. Elle fermait les yeux, non pas qu'elle était endormi, mais qu'elle était pensif. D'un coup, elle s'allongeait sur l'herbe, mais pas trop loin, mais comme même de Dallan. Dallan tenait toujours le morceau de tissu d'Ambre. Elle ne voulait pas avoir un pied sur elle. Ambre avait les yeux au ciel, pensant à autre chose qu'à elle-même. Il fallait qu'il fasse un portrait dans sa tête d'Ambre. Ce n'était pas facile, mais il le fallait. De toute façon, il est intelligent, donc il a du le faire depuis longtemps. Le garçon lui demandait ce qu'elle faisait là...

-Moi ? Euh... Je ne sais pas trop. Je voulais voir le lac dont tout le monde parle... Et rencontrer de nouvelles personnes comme toi, par exemple... dit-elle en souriant

Même si il ne pouvait pas voir les expressions d'Ambre, il pouvait les sentir. Enfin c'est ce que pensait Ambre. Après, peut-être qu'il ne les sentait pas. Elle, les yeux détournait sur le lac, regardait. C'est vrai qu'il était beau ce lac. "Peut-être qu'un jour, je trouverais quelqu'un qui me comprendrait" pensait-elle. Ce n'était pas gagné déjà ! Ambre calculait certains mouvements de chaque personne pour savoir ce qu'ils allaient faire. Elle avait pleins d'équations, de français et d'autres matières en elle.

[Dallan Mael]

S'endormir. Se laisser aller aux bras de Morphée, fermer les yeux et caresser d'une main un songe produit par nos pensées. C'est aussi le noir, sombrer dans le désespoir d'un silence pesant, à moins que l'on y voit une méditation. Alors s'endormir, tout en restant éveiller. Se taire, éviter la galère, puisqu'on pense. On se bat avec soi-même dans sa tête, le cerveau créant de là une petite voix bien moqueuse à l'occasion. C'est comme être schizophrène. Pourtant, dieu seul sait qu'on l'aime cette petite voix. Toujours à nous embêter, certes, mais sans elle, que serait-on ? On s'ennuierait à l'occasion. C'est notre amie imaginaire, celle qui peint quelques portraits, quelques paysages, donnant un autre point de vue de la situation.

Que dit la petite voix de Dallan ? Pas grand-chose pour le moment. Elle attend dans son coin, recroquevillée, qu'il finisse de se faire sa propre idée. Puis elle viendra, donnera un coup de pied dans ce château de carte à peine créé, remettant tout en question. Ambre gentille ? Quelle blague, c'est une gamine un brin prétentieuse. Le paysage est magnifique ? Que tu es crédule ! Aveugle, comment peux-tu penser que quelque chose est beau. Ce champ lexical t'es impénétrable. Allé va, va donc lire des bouquins en brailles et laisse donc aux gens normaux le luxe de regarder ce lac.

Mais la petite voix ne s'est pas encore exprimée, alors il profitait de la tranquillité qui planait autour d'eux. Ambre était là pour admirer le lac, faire des rencontres. Dallan lui, vaquait autour de l'Arbre, tentait de s'y habituer, se laisser happer par cette nouvelle vie, comme un nouveau né découvrirait le monde. Et elle lui était tombée dessus, adolescente maladroite. L'Arbre avait du rire de la situation, sachant sans doute ce qui se passerait. Visionnaire allons, tu aurais pu au moins éviter à ton petit aveugle de se faire cogner. Mais non, apparemment tu préfères un mal pour un bien.

Sa main remonta contre le tronc, caresse pour celui qui était un dévoué serviteur de sa paix. « D'accord... » lui dit-il. Il garda ensuite le silence, s'évertuant à entendre le bruits alentours. Un oiseau qui s'envole, le vent qui tape contre les feuilles, l'eau en perpétuel mouvement dans le lac. Autant de choses qui étaient très appréciable à l'ouïe. Était-ce quelque chose que tous pourrait comprendre ? Sans doute non, il fallait s'entrainer à délaisser un autre de ses sens, pour saisir complétement la beauté d'un son.

Qu'il était beau le musicien, capable de pénétrer l'espace complexe d'une gamme. Le voilà presque ami de Beethoven avec son handicap. Et c'était là sa seule fierté, de connaître la supériorité d'un minuscule petit bruit. Mais loin de s'en vanter, il gardait ceci pour lui, petit secret d'initié, pourtant capable de le partager. Quiconque voudrait, saurait.

Générosité... Dallan était un bon gamin, près à faire plaisir à son monde. Alors pourquoi pas... Pourquoi ne pas aller de bonté et offrir sa connaissance des sons à celui qui voudrait. Un mince souffle traversa ses lèvres à cet instant. « Un aveugle n'est pas forcément la rencontre à laquelle tu t'attendais... » chuchota-t-il, le visage figé dans une expression lointaine, glaciale, bien que ça n'était pas voulu.

Pour une fille au timbre pareil, il aurait fallut qu'elle rencontre quelqu'un de moins introvertie. A la malheur, Dallan n'était pas souvent expansif et il lui suffisait de tomber sur quelqu'un d'aussi timide que lui pour que les choses se dégradent. Dommage, vraiment.

[Ambre Allaws]

Ambre ne savait trop quoi faire dans ces situations. Elle pensait dans l'herbe fraîche. Son regard était détourné vers les feuilles de cette arbre. Elles étaient bien verte, verte comme la menthe. Elle pensait encore a ce qui venait de se passer. Ses yeux se baissaient sur sa ceinture de robe, elle vu qu'elle était mal mise. Mais peu importe, du moins qu'elle pouvait s'amuser. Elle se relevait brusquement en regardant le jeune homme.

-Oh ! J'ai oublié que j'avais quelque chose ! Je dois te laisser Dallan dit-elle en souriant

Elle se levait et allait juste près de l'oreille de Dallan.

-Prends bien soin de toi soufflait-elle dans l'oreille

Ensuite elle partait vers ce qu'elle devait faire.

[Dallan Mael]

Les situations sont diverses et variées, au point que certaines deviennent clichées. Comme une rencontre débutée par une bousculade ou une, moins palpitante d'un médecin de campagne et d'une charmante jeune femme rêvant d'une vie digne d'un roman. Comme le prouve cette dernière, extrait d'un livre reconnu de beaucoup, la rencontre ne détermine pas le succès de l'entreprise. Il suffit d'un peu de volonté et d'une touche de chance, pour finir de créer des destins fabuleux. De là à dire que chaque regard croisé promet amitié gloire et beauté, il ne faut pas exagérer.

La rencontre avec Ambre serait, dans la tête de Dallan, comme un moment simple et agréable. Mais aussi comme un apprentissage, celui d'une nouvelle personne, d'un nouveau caractère, enfantin et un minimum prétentieux. C'était toujours bon à savoir. Les détails offraient à Dallan de se créer des panels de comparaisons intéressant.

Cette adolescente, vivace... Enfin plus vivace que lui quoi, se leva, disant qu'elle avait quelque chose à faire. Tient donc, qu'est-ce que cette éternité pouvait apporter comme besoin urgent. Lui ne savait pas trop, se cantonnant à marcher lentement, laissant couler sans se presser sa réflexion sur ce qui l'entourait. Peut-être que quand il aurait d'avantage apprivoisait l'endroit, il penserait à se trouver des activités plus précises, parce que caresser une branche et longeait l'écorce de l'Arbre, c'était bien joli, mais ce n'était certainement pas ça qui développerait la sociabilité du jeune aveugle.

Il la senti alors bouger, se mouvoir jusqu'à lui, jusqu'à son oreille, contre laquelle elle lui murmura de prendre bien soin de lui. Élan de pitié ? Il n'aimait pas trop ça. Ce le ramenait facilement à son handicap, beaucoup de chose créaient un parallélisme avec ceci. Pauvre de lui va, à toujours penser à ci et cela, incapable de faire fi de sa tare physique qui lui revient en pleine tête pour un simple mot lâchait.

Prit dans ses pensées, il ne pensa même pas à saluer son départ, tout juste comprit-il qu'elle était partie quand le décor lui sembla plus calme. Il poussa doucement un soupir, ramenant ses cheveux en arrière d'une main. Il resterait là un temps pour admirer le bruit de l'eau et des alentours. C'était apaisant et Dallan appréciait ces moments pleins de simplicités. Encore plus quand il les savourait seul, sans qu'il n'y ait de bruits parasites... Allons, le voilà pire qu'une vieille antenne de radio.

[RP TERMINE]

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